L'éducation populaire doit sa création au brésilien Paulo Freire et à sa pédagogie des opprimés.

Paulo Freire a entrepris d'alphabétiser le peuple brésilien (particulièrement les habitants des bidonvilles et les paysans) car savoir lire est nécessaire pour pouvoir voter. Pour Freire, il est essentiel d'être conscient des dynamiques de pouvoirs et d'oppressions afin que le droit de vote soit un levier émancipateur pour rendre la société plus juste.

Sa pédagogie apparaît alors comme un acte éminemment politique puisque l'alphabétisation sert à développer la conscientisation et à reprendre du pouvoir sur ses conditions de vie. Apprendre à lire est une étape vers la pleine participation démocratique de la population à la vie en société.

C'est en fréquentant les opprimés de la société que Freire comprend le rôle que joue l'éducation dans le maintien du système en place. L'éducation traditionnelle est celle des dominants qui justifie et légitimiste l'exploitation du peuple. Selon le modèle classique, le savoir est prodigué de manière verticale et autoritaire : le professeur est le seul dépositaire du savoir légitime et il l'impose à ses élèves, qui sont considérés comme des contenants vides.

La pédagogie que développe Freire privilégie plutôt l'idée que les apprenants sont détenteurs de savoirs liés à leur propre expérience, aux traditions et à leur culture. Ses savoirs leur permettent de voir et de comprendre les inégalités dont ils sont victimes et d'agir ensemble sur ces situations d'oppressions pour modifier leurs conditions de vie immédiates.

La méthodologie de Freire a le grand mérite de respecter et de prendre en considération les savoirs des populations, d'amener une prise de conscience et d'agir sur les causes des problèmes sociaux vécus par le groupe. Toute pratique d'ÉPA implique le savoir de toutes et de tous sur un pied d'égalité pour construire ensemble des savoirs nouveaux.